Optimiser mon temps

Publié le par Blof

Le temps salarié... Après avoir passé quelques années "hors du temps" en reprenant des études mais sans être réellement étuidante et en passant huit mois chez moi à me retourner la tête dans tous les sens, me voici de retour dans la vie dite "active". On s'imaginerait qu'hormis des journées plus occupées, un statut social retrouvé, la perception de soi même, de son temps et sa vie n'est pas forcément altérée et me voilà pourtant en tout point perturbée par cette vie "salarié". Je ne dirai pas que mes journées sont plus intéressantes, même loin de là. Elles sont simplement plus remplies. Je n'ai pas "changé" et pourtant... Pourtant voir ma vie ainsi morcelée en plusieurs temps bien définis, le temps travail et le temps loisir, lui même découpé en soirées, weekends et vacances modifie profondément le regard et les attentes que je projette sur elle. Mon temps loisir, ainsi mis à part, limité, se doit forcément d'être optimisé, utilisé au mieux avec efficacité et efficience même. Ce temps loisir, qui correspondrait à ma valeur "sociale" devient mesurable et observable. La solitude devient plus pesante et visible. Ce temps "social" devient une forme d'exigence à part à laquelle je dois répondre. Trouver quelqu'un pour occuper ce temps, avec un autre que moi, m’apparait soudain comme un impératif si je ne veux pas l'occuper dans une volatilité épuisante et surtout coûteuse. Ce temps là doit se construire également et prendre une certaine stabilité. Il me faut l'organiser. Les questions, de métaphysique et éthique, deviennent pratiques, morcelées et hiérarchisées. Il y a le temps de la production, assimilée à tord à celui de la réflexion, et le temps loisir. Je ne sais pas vous mais ce sentiment est pour moi très puissant et m'attrape avec violence sans me demander mon avis. Il y a l'école et la maison, il y a le travail et la maison. On retrouve un certain statut enfant où le "tout" est divisé en portions optimisables. Alors même que ce temps semble plus occupé, qu'il "manque" et se poursuit, il apparait comme plus pauvre et triste. Il n'a pas cette même saveur. Il devient une valeur. C'est assez triste en réalité. Le salariat.... Je suis persuadée que celui qui chaque jour décide de sa journée, de manière indépendante, sans suivre un mouvement auquel il ne fait que participer, ne perçoit pas le temps de la même manière ni même la construction de son être, qui , pour plus totale et moins comptabilisable, en devient moins comparable, a moins besoin d'une conformité morcelée...

Je m'exprime assez mal mais je crois comprendre à nouveau et d'une manière bien plus personnelle la société du spectacle. Au delà d'une sorte de critique du consumérisme blabla c'est le produit du salariat, ces conséquences qui vont jusqu'au "quantified self" et la thérapie comportementale en quête de "succès" dans les différents champs de l'existence qui sont à l’œuvre. Bref bref bref... je vais retourner me préparer pour ma journée de demain, planifier mes soirées pour ne pas les "gâcher", organiser mes weekends pour en "profiter" et rêver à mes "vacances" comme bénéfice ultime.

Publié dans Egarement

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